Influence du sexe et de la fatigue sur la locomotion humaine : ajustements neuromusculaires et biomécaniques du membre inférieur. Thèse de Thibault Besson
Encadrement: Jérémy ROSSI & Pr Guillaume MILLET
Pourquoi s’intéresser aux différences de locomotion entre hommes et femmes ? Tout d’abord, au cours de la dernière décennie, on a observé une véritable expansion du sport féminin et notamment de la course à pied. En effet, en plus du versant santé, bien-être et remise en forme, le taux de participation des femmes dans les courses d’endurance ne cesse d’augmenter. Malgré cet engouement croissant, la grande majorité des études scientifiques sont réalisées sur des hommes. Il existe pourtant des différences entre les sexes : morphologiques, de propriétés musculaires et tendineuses, dans les habitudes de chaussage, etc… Ces disparités pourraient être à l’origine des différences observées dans la biomécanique de course ou encore au niveau du type de blessure en course à pied, et semblent ainsi importantes à considérer par les fabricants de matériel de sport. Le financement de cette thèse étant industriel, les projets de recherche menés vont suivre deux objectifs principaux : des objectifs appliqués et des objectifs fondamentaux.
Les objectifs fondamentaux vont nous permettre de mieux comprendre et caractériser l’apparition de la fatigue neuromusculaire chez les hommes et les femmes en course à pied. Les différences en termes de fatigue ont déjà été largement étudiées et les femmes semblent être moins fatigables que leurs homologues masculins.
Cependant, la majorité de ces études se sont focalisées sur des tâches fatigantes très localisées et les résultats ne se transfèrent pas nécessairement à la fatigue éprouvée par un athlète à la fin d’une course d’endurance. Seules quelques études ont comparé hommes et femmes sur le plan de la fatigue neuromusculaire après des courses prolongées. A partir de ces résultats partiels, il serait intéressant de caractériser les différences de fatigue en fonction du sexe sur un plus grand nombre de participants et de distances de course. C'est le premier objectif de ce projet de thèse.
Les études appliquées vont viser à évaluer les propriétés biomécaniques de la locomotion humaine à travers des produits fournis par l’entreprise Décathlon tout en gardant comme fil conducteur la différence hommes-femmes. Au cours des dernières années, des efforts de recherche considérables ont été réalisés dans le but d’augmenter les performances et/ou de diminuer les blessures associées à la pratique de la course à pied. Cependant, les spécificités de sexe ne sont pas considérées par les fabricants de chaussures ; elles n'apparaissent généralement que dans la pointure et la couleur de la chaussure. Par conséquent, le deuxième objectif de ce projet de thèse est d'observer les possibles adaptations biomécaniques induites par les chaussures, combinées ou non à une tâche de fatigue chez l'homme et la femme.
Ainsi, il semble important de caractériser, par une approche pluridisciplinaire, les différents aspects des différences hommes-femmes évoqués ci-dessus et d'en comprendre les conséquences en termes de locomotion humaine. Ces différences sont essentielles à prendre en compte pour les équipementiers sportifs, en particulier au niveau de la chaussure qui reste la première interface entre l'Homme et le sol.